La vie, en gros

 

 

Un film de Kristina Dufková
Titre original : Zivot k sezrání
Année de sortie : 2023
Origine(s) : Tchéquie, Slovaquie, France
Sortie en salles le 12 février 2025

 

Où rien de sert de s’empiffrer, il faut maigrir à point.

 

 

Réactions à chaud :

La seconde* adaptation cinématographique du roman jeunesse de Mikaël Ollivier, « La vie, en gros » aurait pu constituer pour les pré-ados de 2025 une intéressante porte d’entrée dans la compréhension de l’épineuse question de l’obésité enfantine et de ses corollaires (moqueries, harcèlement, mal-être, dépression, etc.), si seulement elle avait poussé un tout petit peu plus le curseur de l’audace et de l’originalité, que ce soit en terme d’écriture (on a connu l’animation tchéco-slovaque bien plus inspirée) qu’en terme d’esthétique (idem). La prise de distance salutaire par rapport au réel qu’apporte habituellement l’usage de la ciné-marionnette pour raconter, voire sublimer, les troubles existentiels est ici relativement ruinée par une accumulation de clichés qu’on croyait depuis longtemps éculés, par des dialogues frôlant dangereusement la mièvrerie et par le design disgracieux de tous les personnages, animaux inclus. Une laideur générale qui, si elle avait du sens dans une œuvre comme le Krysar de Jiří Barta (au hasard) pour dire la monstruosité de la société face à la différence, relève dans cette réalisation de facture quoi que très honorable d’un effet de style maladroitement caricatural et possiblement contre-productif. Dans la mesure où ce récit renvoie aux enfants auxquels il s’adresse un reflet piteusement repoussant de la difformité comme de la beauté.

Ben, le protagoniste principal, est glouton et obèse comme son père l’a été avant lui. Ses parents sont divorcés ; sa mère est dépassée et sa belle-mère est spéciale. Il est le gentil rigolo de sa classe, forcément maltraité par les neuneus du collège. Il est amoureux de Claire, la midinette de service qui ne voit en lui qu’un ami sympatoche. Il lutte pour suivre un régime, convoque Rocky Balboa pour affirmer sa détermination vite essoufflée. Il s’épanouira sur scène avec le groupe de rock dont il est le parolier procrastinateur. Au secours !
On a tellement lu, vu, re-lu et re-vu, de Hislaire (ah, Bidouille et Violette !) à Wes Anderson en passant par John Hughes et les frères Farelly, cette recette narrative autrement plus subtilement et/ou plus comiquement offerte aux regards tourmentés des ados que, malheureusement pour elle, cette production, aussi sincère et divertissante soit-elle, risque fort de rater sa cible, voire de passer complètement inaperçue.

 

* La première adaptation date de 2002, sous la forme d’un téléfilm, Carnet d’ado – la vie en gros, réalisé par Didier Bivel et diffusé sur M6. Elle n’a visiblement pas marqué les esprits.

 

anima