4 courts métrages des studio d’art de Shanghai
Distribution/édition : Les films du paradoxe
Durée : 63 mn
On connait si peu de choses en France de l’animation chinoise. Ce « peu de choses » tient en une douzaine de courts métrages diffusés en salles et publiés en DVD par Les films du Paradoxe, en une poignée de longs métrages patrimoniaux ou issus de la production très récente, et en quelques rétrospectives épisodiques, à l’image de celles conçues par Marie-Claire Kuo Quiquemelle* (Centre de Documentation du Cinéma Chinois) à Annecy en 1985 ou à Paris en 2014.
Le présent DVD constitue donc une belle pièce pour les cinéphiles.
Car Le général fanfaron est la première réalisation signée par l’incontournable TE Wei, figure emblématique des Studios d’art de Shanghai.
Cette œuvre de facture assez classique, dans la mesure où elle applique, à quelques nuances près, les modalités techniques des dessins animés occidentaux, pose néanmoins des ambitions formelles très élevées. Les petites carpes, terminé deux ans plus tard par un collaborateur de TE, montre quant à lui plus distinctement l’émergence des motifs du fameux « style national » voulu comme le prolongement de la longue tradition des arts graphiques chinois : la pureté de la ligne, la matière picturale assumée, une relative résistance à l’anthropomorphisme aseptisé de la figure animale, la contemplation bienveillante de la nature dans sa diversité, sa poésie mais aussi sa cruauté intrinsèques. Une apogée artistique sera atteinte laborieusement dans les trois décennies suivantes, apogée représentée notamment par les chefs d’œuvre de TE Wei que sont Les têtards à la recherche de leur maman (1960), La flûte du bouvier (1963), Impressions de montagne et d’eau (1988), utilisant tous trois une phénoménale technique de lavis animé (shuimo donghua pian).
En examinant attentivement le traitement des tracés de contours des personnages ou le traitement méticuleusement innovant de l’élément aquatique du Général fanfaron et des Petites carpes, la résonance avec les productions qui se développent au même moment, en URSS aux studios Soyouzmoulfilms et au Japon au sein de la firme Toei Animation, se fait évidence.
Historiquement, si l’on sait que ces trois pôles se sont influencés mutuellement, personne n’a jamais sérieusement étudié leur évolution artistique et économique parallèle.
Tout en partageant la quête commune d’une authenticité culturelle capable de rayonner dans le monde entier, par le dépassement des bases référentielles disneyiennes, ces pôles de production ont engendré de nettes singularités cinématographiques, malgré des contextes politiques structurellement antagonistes, et ont atteint, avec plus ou moins de réussite, un équilibre précaire entre exigence formelle et narration divertissante.
Les deux court-métrages (déjà publiés en 2004 avec Impressions de montagne et d’eau), qui complètent le programme de ce DVD, se revoient avec un plaisir inaltéré.
L’effet qu’ils produisent sur les très jeunes enfants pulvérise les a priori des parents les plus rétifs à sortir des productions formatées.
Les films :
• Le général fanfaron de Te Wei (24 mn – 1956)
• Les petites carpes de He Yumen (19 mn – 1958)
• L’épouvantail de Hu Jinqing (10 mn – 1985)
• Les singes qui veulent attraper la Lune de Zhou Keqin (10 mn – 1981)
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