Le maître du temps retrouvé

 

A l’occasion de la ressortie, le 24 avril prochain, du deuxième long métrage « dirigé » par René Laloux, je remonte aujourd’hui ce court article publié en juin dernier.
Pour que vous ne cédiez pas à « la béatitude de l’indifférenciation » …

 

 

La version restaurée des Maîtres du temps, long métrage réalisé en 1981 par René Laloux, a été présentée aux publics, le 17 juin dernier, dans le cadre d’un programme « Annecy Classics » de la récente édition du Festival International du Film d’Animation.
Bien que très imparfait et vieillissant assez mal (en particulier sa musique de porno-nanar au synthétiseur), ce film reste une référence essentielle à mes yeux et un jalon majeur de l’Histoire du cinéma d’animation européen.
Tout juste entré dans l’adolescence et déjà sévèrement lassé par les combats spatiaux des robots géants venus de l’espace, j’ai immédiatement aimé cette science-fiction animée, métaphysique et divertissante, lisse et colorée, ambitieuse et frustrée, fauchée mais intègre.
Lorsqu’en juin 1996, quatre ans après la fin de mes études artistiques, sans perspectives professionnelles concrètes, j’ai créé anima pour inventer ma propre voie d’accès au monde du cinéma d’animation, René Laloux venait de publier son ouvrage « Ces dessins qui bougent« . Quelques semaines plus tard, au prétexte d’une émission radiophonique hebdomadaire bien réelle entièrement dédiée à l’animation que je commençais à peine à produire, je débarquais à Paris pour interviewer son éditeur, juste avant de rencontrer le cinéaste chez lui.
Je connaissais alors très peu ses films hormis Les maîtres du temps sur lequel je l’ai évidemment interrogé, tout heureux qu’il me raconte sa relation de travail – forcément « épique » – avec Jean Giraud. Je n’ai pas été déçu du voyage et cette entrevue enfumée m’a placé (je l’ignorais alors) sur la bonne rampe de lancement.

(Re)découvrez ce film, si possible en salle de cinéma ! Ignorez tous les défauts qui vous sauteront aux yeux et aux oreilles (pas d’ordinateur à l’époque, tout à la main !), et imaginez ce que pourrait être le long métrage d’animation français si René Laloux avait eu les moyens – techniques et financiers – de ses ambitions et de sa haute estime de l’art des dessins animés. Comprenez aussi pourquoi il m’est parfois difficile de rester stoïque face à l’immaturité et au conformisme d’une majorité de productions contemporaines, incapables d’oser le quart de ce qu’un Laloux, sans argent ni considération médiatique, a su imposer culturellement voilà plus de quatre décennies.

Où que vous soyez, je pense à vous souvent, cher René.

 

 

 

 

 

 

 

 

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