Un film d’Alê Abreu
Titre original : Perlimps
Année de sortie : 2022
Origine(s) : Brésil
Date de sortie annoncée : 18 janvier 2023
Où les enfants jouent à sauver le monde condamné à mort.
Réaction à chaud
Certes, la générosité visuelle ne suffit pas à faire un bon film. Mais il me faut bien admettre, qu’en dépit d’une trame narrative un peu trop complexe et psychédélique pour le public familial auquel cette œuvre s’adresse, le troisième long métrage écrit et réalisé par Alê Abreu vaut la peine d’être vu et revu rien que pour l’expérience esthétique dont il nous fait le cadeau. Et pour peu que l’on se place à hauteur d’enfance et que l’on adhère sans se poser de questions au postulat immersif – une plongée immédiate et sans filet dans l’imaginaire fantasmagorique de deux gamins perdus en forêt amazonienne – Le secret des Perlims se révèle un trip halluciné dont on revient contenté, enrichi et étrangement désireux de le renouveler.
De surcroît, se confirme ici la sincérité du militantisme socio-écologiste du cinéaste brésilien que d’aucuns avaient pu mettre en doute à l’apparition du logo de Petrobras au générique de son film précédent. Réalisateur, plasticien, animateur surdoué, Alê Abreu peaufine le traitement des thèmes et motifs qu’il avait déployés avec inventivité formelle et courage politique dans Le garçon et le monde (2013). L’altermondialisme désabusé n’est plus ici que métaphorisé mais bel et bien omniprésent. La dénonciation frontale du néo-libéralisme ravageur a pris les apparats militaristes du bolsonarisme triomphant. La destruction des écosystèmes vitaux de la planète par des bataillons d’animaux mécaniques traduit à merveille l’innocence livrée aux chaos qui la dépassent, hérités des générations d’adultes lobotomisés et aveugles.
Autrement dit, Alê Abreu persiste avec audace et originalité à relever le défi perdu d’avance de maintenir l’espoir des plus jeunes générations face à l’imbécilité humaine, en jouant la carte de l’émerveillement engagé. Total respect.
