Le serpent de mer de la Tortue rouge

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Voyez comme il est simple de faire dire ce qu’on veut à une image !
Alors qu’Arte publie aujourd’hui le premier communiqué de presse concernant la mise en production du premier long métrage, The Red Turtle, de Michael Dudok de Wit (cinéaste hollandais qui vit à Londres et qu’on ne présente plus, mais si quand même), bulletin arborant le premier photogramme emblématique d’un récit qui témoigne[rait] “d’un profond respect pour la nature, y compris pour la nature humaine, et [véhiculerait] un sentiment de paix et d’admiration devant l’immensité de la vie », une image montrant un homme fatigué sur une plage, apparemment déserte, voilà t’i’ pas qu’un esprit pervers maniant habilement l’outil de rognage de Photoshop, détourne sensiblement la sémantique de ce visuel pour évoquer l’interminable (le projet a démarré en 2006) parcours du combattant qu’aura été cette mise en chantier tant espérée par tous ceux qui aiment le cinéma de Michael Dudok de Wit. Le cinéaste lui-même incarnant aux yeux de ceux qui ont eu la chance de discuter avec lui la gentillesse, l’humilité teintée de sagesse zen et, de fait, la frilosité à sacrifier son intégrité sur l’autel d’une coproduction internationale, avec tout ce que ce contexte sous-entend de renoncements, de rabotages, et d’abaissement à satisfaire les desiderata de ses donneurs d’ordres avides de rentabilité, comment ne pas avoir compati intimement aux aléas de ce périple qu’on imagine épuisant ?
[Mince ! Je viens de perdre 50% de mon lectorat ! Essayons des phrases plus courtes.]

Bref, si on se rassure un peu avec la co-écriture de Pascale Ferran et la présence dans la chaîne de cette coproduction du Studio Ghibli, on se permettra toutefois une certaine réserve quant au choix, en qualité de producteur exécutif,  du pool angoumoisin Prima Linea (comprend qui peut cette réserve !). On émettra donc le vœux pieux, et néanmoins sincère autant que bienveillant, que la longue traversée à la rame de Michael Dudok de Wit, a priori enfin  échoué sur l’île de son rêve, soit à la hauteur de son exigence et de sa grandeur d’âme.
“C’est pas gagné”, comme dirait l’autre, mais nul doute qu’on saura apprécier et défendre le résultat le moment venu si le storyboard et la direction artistique du réalisateur parviennent indemnes au bout de cette dernière ligne droite ascendante.

Au printemps 2003, à Auch, le rédacteur de ce blog s’entretint longuement avec Michael Dudok de Wit. La “leçon” (bien involontaire de sa part) qui clôtura cet interview résonne toujours comme une source inépuisable d’encouragement à destination de tous les entrepreneurs de longues traversées : “La créativité s’exerce […] chaque fois que l’on pousse son imagination, son originalité, on stimule quelque chose en soi qui rend les choses progressivement plus faciles.

 

> le communiqué de presse

 

 

 

 

anima

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