A quelques kilomètres au sud d’Al Minya, au centre de l’Égypte, se trouve la nécropole de Beni Hasan al Shurruq. Dans l’une des 39 tombes accessibles, celle de Baqet III présente des représentations, peintes et gravées, de lutteurs. Il ne s’agit aucunement de successions de phases chronologiques mais d’un vaste ensemble de positions dynamiques, parfois très précises, adoptées par les sportifs de l’Égypte antique du XXe siècle avant JC. Très probablement peintes pour rendre hommage à la passion du souverain enterré, ces figures de par leur nombre, leur proximité et leurs détails attestent d’une intention documentaire de la part de l’artiste, laquelle induit une analyse rigoureuse de la décomposition des mouvements corporels observés minutieusement.
Les character designers de l’animation apprécieront cet écho à l’antériorité de leur travail.
Les autres s’amuseront peut-être de la troublante connexion possible entre ces fresques antiques et l’une des planches les plus emblématiques du « Hokusai manga »réalisée 3 000 ans plus tard.
Plus récemment (2017), j’ai découvert un extrait de la performance de la plasticienne et cinéaste Solweig von Kleist, réalisée à Hiroshima en 2004.
Spontanément, j’ai pensé à Hokusaï. Japon, Hokusaï, vieux réflexe…
Mais à mieux regarder la dimension secrète des signes calligraphiés, je trouve leur relation aux lutteurs de Beni-Hassan particulièrement troublante.
Ce petit test d’animation triche un peu. Si la plupart des phases de mouvement sont strictement reprises sur le report schématique des figures originales, d’autres sont légèrement déformées, voire inversées, pour obtenir une certaine continuité. On comprend bien cependant que l’artiste possédait un sens de l’observation et un désir de retranscription très poussés.
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