Nouvelle croyance

rebelief

 

Il faut saluer la performance technique accomplie par Raymond McCarthy Bergeron, jeune motion designer nord-américain, dans son film de fin d’études Re-Belief réalisé entièrement avec des figures imprimées en volume et montées en une succession, narrative et vaguement poétique, de carrousels zootropiques. Le principe fonctionne sur la longueur grâce à un sens affirmé du cadrage et confirme l’émergence d’une sérieuse tendance dans la création animée contemporaine (cf. les nombreux articles sur ce sujet publiés dans ce blog) qui trouve une nouvelle voie d’exploration dans les fondamentaux du pré-cinéma. Quelle ironie ! On ne le dira jamais assez.

Certes, la « nouvelle révolution industrielle » matérialisée par la pénétration de l’imprimante 3D dans toutes les formes de production, dans le cinéma en l’occurrence ici, peut nous réjouir sur bien des aspects, mais elle doit aussi nous interroger sur ce à quoi elle se substitue. En premier lieu au temps de l’exécution, qui, s’il est le plus rébarbatif et le plus coûteux dans le processus de fabrication d’un film ou de tout autre forme de spectacle, reste un élément constitutif de l’œuvre en gestation. Déléguer ce temps d’exécution à une machine, aussi apte soit-elle à fabriquer automatiquement une matière esthétique satisfaisante pour l’œil, revient à se priver des bénéfices créatifs qu’il confère. Une fois cela dit, on comprends que l’enjeu majeur de ce type d’expérience participe avant tout de l’amélioration du rendement et, osons un gros mot, de la « compétitivité », d’une production. Or quand la création artistique devient compétitive, elle perd tout ou partie de son âme. Il me semble que Re-Belief en est une intéressante démonstration.

> Visionner Re-Belief sur le Vimeo de R. McCarthy-Bergeron

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