Quelques empreintes historiques d’Isao Takahata

 

La NHK Educational TV (chaîne éducative de la télévision publique nippone) a récemment publié en ligne l’émission « Isao Takahata, pionnier du cinéma d’animation » qu’elle a consacrée en septembre 2019 au cinéaste japonais, dans le cadre de son programme hebdomadaire « Le musée du dimanche », à l’occasion de l’exposition rétrospective « Isao Takahata, une légende de l’animation japonaise ». Laquelle a été reprise au Musée d’Art d’Iwate jusqu’au 17 décembre dernier. Ceci expliquant sans doute cela.
Cette émission regorge d’images rares, voire inédites en France (à ma connaissance), qui éclairent l’érudition, le perfectionnisme quasi-obsessionnel, la passion, le génie d’un artiste complet dont l’importance cinématographique internationale demeure encore trop peu connue et reconnue à sa juste valeur. Deux invités, Aki Asakura (actrice qui a prêté sa voix à la Princesse Kaguya) et Sunao Katabuchi (réalisateur et collaborateur occasionnel de Takahata) y commentent la carrière du cinéaste. Deux autres personnalités du cinéma d’animation – Michel Ocelot et Nizô Yamamoto (directeur artistique associé à de nombreuses réalisations de Hayao Miyazaki et Isao Takahata) y font aussi une apparition remarquée.

Les quelques plans extraits de cette émission reproduits et expliqués ci-dessous font écho à différents aspects du travail d’Isao Takahata qui me fascinent depuis ma découverte de la série Heidi au début des années 80, aspects que j’étudie, que j’ai pu jadis approcher de très près et que je tente autant que faire se peut de valoriser dès qu’une occasion se présente.

 

Le bureau d’Isao Takahata à la Toei Dôga reconstitué dans l’exposition.
Les connaisseurs y remarqueront la présence de la méthode d’animation de Preston Blair,
laquelle a beaucoup servi à la première génération d’animateurs de la Toei.

 

Extrait du storyboard (e-konte), dessiné et annoté par Isao Takahata,
du premier épisode de la série « Heidi, petite fille des Alpes »

 

Hayao Miyazaki étudiant l’abreuvoir à côté du chalet suisse pris en référence pour la maison du Grand-Père de Heidi.
Le cliché fait partie des photographies de repérage saisies sur place par la petite « délégation japonaise » venue en juillet 1973 dans le cadre de la préparation de la série animée, diffusée l’année suivante au Japon.

 

Extraits du cahier de notes préparatoires d’Isao Takhata pour « Heidi ».
Celles-ci mentionnent notamment les quantités de lait de chèvre nécessaire pour produire du beurre et du fromage.

 

Ces deux images sont extraites des différentes notes d’étude du film La Bergère et le Ramoneur de Paul Grimault, rédigées et dessinées par Isao Takahata au début des années 60.
Avec un groupe de collègues de travail, dont Yasuo Ôtsuka et peut-être (j’ai toujours un doute sur ce point) Osamu Tezuka, Takahata avait pu emprunter pour une nuit une copie 16mm du long métrage – distribué au Japon depuis 1955 –  pour en examiner la « substantifique moelle » et déceler les secrets d’une animation jugée par eux exceptionnelle.
On voit ici les notes très schématiques d’Isao Takahata tentant de reconstituer le storyboard du film de Grimault.

 

Extraits du cahier de notes préparatoires d’Isao Takahata pour Le Conte de la Princesse Kaguya (2013).
Il s’agit de notes de mise en scène se référant notamment aux films de Marcel Carné scénarisés par Jacques Prévert,
Les visiteurs du soir, Les enfants du Paradis et Drôle de Drame.

 

Extrait d’une séquence particulièrement précieuse à mes yeux au cours de laquelle Kôsuke Takahata
montre les espaces de travail et la bibliothèque personnels de son père.

 

En-tête : extrait des notes préparatoires d’Isao Takahata pour Le Conte de la Princesse Kaguya, notes qui se réfèrent à l’art narratif des rouleaux enluminés (emaki mono)
Crédits images : NHK ETV 2019

 

anima