(Re)découvrir Pompoko et son réalisateur

 

 

Voilà 28 ans, les festivaliers d’Annecy découvraient le septième long métrage signé Isao Takahata, son troisième réalisé au sein du Studio Ghibli.
Une bonne décennie plus tard, ce film bénéficiait d’une sortie dans les salles de cinéma françaises. Une exploitation bâclée, soldée par un échec commercial cuisant et parfaitement prévisible tant l’œuvre d’Isao Takahata était alors ignorée des grands médias et négligée par une majorité de professionnels, en tête desquels se trouvait le propre distributeur du long métrage, Buena Vista/Disney.
Les droits d’exploitation des films du Studio Ghibli en Europe ayant depuis changé de mains, leur nouveau distributeur Wild Bunch fera-il honneur à ce monument du cinéma d’animation mondial ou s’en tiendra-t-il à espérer par pensée magique, comme ses prédécesseurs, qu’une simple campagne de communication suffise à provoquer LA rencontre-qui-peine-à-advenir entre l’œuvre magistrale d’Isao Takahata et le grand public français ? Et, au risque de radoter, cibler exclusivement cette communication sur les jeunes spectateurs et leurs accompagnateurs reviendrait à reproduire une grossière erreur stratégique. Verdict, après la sortie prochaine de la version remastérisée du long métrage, le 19 avril.

 

L’énergie du désespoir

 

Car tout magistral qu’il demeure, Pompoko souffre de sérieux handicaps, assez proches de ceux que j’avais évoqués ici en 2015, au moment de la sortie française du DVD de l’ultime long métrage d’Isao Takahata, Le conte de la Princesse Kaguya :
Pompoko est long (2h), bavard, méditatif, mélancolique. Il requiert un minimum d’accompagnement, non pour le commenter mais pour aider à sa digestion. Un accompagnement quasi-impossible sur une telle durée de projection, sauf cas de séances exceptionnelles voulues par des exploitants courageux pour des publics de connaisseurs.
– Le film est politique mais surtout pas seulement réductible à une “fable écologiste”. C’est toute l’anthropocène capitaliste dont il est le portrait. Ce “handicap” pourrait d’ailleurs servir sa meilleure réception en 2023,  tant la révolte des tanuki s’impose plus qu’en 1994 comme le miroir implacable des sociétés contemporaines sans avenir.
Pompoko est parcouru par une multitude de références culturelles inconnues des occidentaux. En creux, il se permet même une subtile critique de la production mondiale de dessins animés standardisés qui n’épargne ni l’empire consumériste de Disney, ni le modèle artistique de Ghibli.
Autrement dit, il ne s’agit ni d’un divertissement facile, ni d’une œuvre appréciable sans préparation et sans un minimum d’efforts, lesquels seront largement récompensés à la fin.

 

L’appât du gain

 

A défaut de pouvoir palier ces désavantages, si tant est que la démarche présentât un quelconque intérêt personnel, j’invite les cinéphiles désireux de profiter pleinement des merveilles que Pompoko a à leur offrir généreusement, à consulter quelques-uns des innombrables articles de Desseins Animés consacrés à l’œuvre d’Isao Takahata :
• la filmographie complète du cinéaste
“les œuvres classiques du monde entier” [3 séries emblématiques] réalisées par Isao Takahata
• le “dialogue malicieux avec Disney dans Pompoko
et à consulter les ressources suivantes :
• le livre de Stéphane Le Roux “Isao Takahata – cinéaste en animation”, encore et toujours le seul ouvrage de référence en français pour appréhender la dimension artistique du cinéma de Takahata,
• le “rouleau des cent démons” (Wikipedia), pour comprendre une partie de la procession fantasmagorique de Pompoko.

 

La magie du cinéma

 

La bande-annonce de 2006 :

 

 

Parade nuptiale
Motifs de moquerie
Extension (du scrotum) au domaine de la lutte
Cortège funéraire bouddhiste

 

 

 

 

 

 

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