Oui, je sais, presque 130 ans après son invention, il est toujours aussi difficile de définir l’art de l’animation en quelques mots et sans convoquer des concepts qui échappent au commun des mortels. L’homo sapiens modernicus est ainsi fait.
Cependant, je suis convaincu que l’on peut au moins s’entendre sur ce que doit être le savoir-faire d’une animatrice ou d’un animateur, à savoir créer de manière artificielle des mouvements auxquels on peut croire. S’ils sont suffisamment crédibles, ces mouvements pourront véhiculer des émotions, de la poésie, du sens. Et croire à ces mouvements artificiels ne nécessite pas d’eux qu’ils imitent la réalité physique, qu’ils figurent des choses clairement identifiables ou qu’ils soient « fluides », c’est-à-dire « sans à-coups », selon la terme couramment utilisé par le spectateur lambda qui aime simplement se laisser emporter par un film animé.
Que j’apprécie les boucles stop motion de Patagraph (gif d’en-tête) ou l’impressionnante « biblio-cinéthèque » d’œuvres biblio-cinétiques de Marie Paccou, Manole, l’acrobate désarticulé de L’extraordinaire voyage de Marona réalisé par Anca Damian ou le slapstick-digital-sous-acides de Meat Dept, que je passe en revue les expérimentations débridées de Lizzy Hobbs ou que je revois pour la énième fois Mon Juke Box de Florentine Grelier (court métrage pour lequel je voterais si j’en avais quelque chose à f.. des académies mondaines), et tout le reste, il s’agit toujours, 130 ans après, de rendre plausible des mouvements artificiels.
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