Sauvages

 

Un film de Claude Barras
Titre original : idem
Année : 2024
Origine(s) : Suisse, France, Belgique, Luxembourg

 

Où « nous sommes la Nature qui se défend« .

 

 

Réaction à chaud

Sauvages est le genre de production qu’on aurait envie a priori d’aimer inconditionnellement. Belle facture, thématiques nobles, utilité à la sensibilisation des enfants (et de leurs aïeux) aux causes humanitaires altermondialistes, ce film a tout pour séduire l’adulte bien-pensant – lecteur de Télérama ou auditeur de France Inter, ça va de soi – grâce à ses mignonnes ciné-marionnettes sagement circonscrites dans le domaine inoffensif de la reconstitution miniature de l’expérience ludique enfantine, d’où elles ne devraient jamais sortir pour ne froisser personne.
Malheureusement, au risque que le constat apparaissent sévère, le principal et non le moindre intérêt du second long métrage réalisé par Claude Barras réside, pour le spectateur rompu à ce genre de plaidoyer aseptisé, dans son ambition vertueuse d’éclairer une problématique humaine à la fois très localisée et éminemment universelle. La déforestation industrielle des forêts primaires de l’île de Bornéo et plus précisément de la zone Garawak (Malaisie) où vie depuis des lustres le peuple Penan, en harmonie avec la riche biodiversité de son environnement naturel, n’est pas seulement un processus de destruction massif d’écosystèmes vivants perpétré à l’autre bout du monde. Cette entreprise de sape en règle du bien commun est directement indexée sur les modes de consommation des pays occidentaux. Et c’est même le « méchant » du film – lequel écoute à fond de la musique metal, bien sûr, toute brute épaisse qu’il est forcément – qui l’assène aux gentils autochtones menacés par le capitalisme dérégulé. On peut donc le croire sur parole.

Malheureusement donc, avec de telles grosses ficelles, Sauvages ne devrait pas mobiliser les foules. Dans deux ans, il trouvera sa place dans l’un des dispositifs d’éducation à l’image (s’ils existent encore), il y sera plus ou moins amorti financièrement et les enseignants le travailleront avec leurs classes. Ces derniers tenteront peut-être encore d’expliquer à leurs jeunes élèves les rapports de causes à effet entre la demande de « bois exotiques » (très prisés chez nous pour fabriquer escaliers, parquets, meubles de jardin et autres pergolas) et l’effondrement de la biodiversité dans des contrées situées aux antipodes. Ils essaieront, qui sait, de justifier la substitution de ces forêts primaires par d’autres forêts de palmiers à huile destinée à notre mal-bouffe et à nos « bio-carburants ». Les plus audacieux se risqueront-ils à disculper les générations antérieures de leur inertie insensée aux yeux des plus éco-anxieux de leurs disciples ? Rien n’est moins sûr.

En attendant, vous pouvez vous documenter sur le sujet via l’association Jaga Tana Lalun qui s’attache à faire connaître la communauté Penans et les dangers vitaux qui la menacent.

 

 

 

anima