Je vois au moins quatre bonnes raisons à fournir aux jeunes et moins-jeunes amateuristes de séries animées élévatrices pour les inciter chaudement à visionner les douze épisodes de Tamako Market, énième fait d’arme de la talentueuse réalisatrice Naoko Yamada au sein des studios de Kyoto Animation.
1° S’il s’agit d’une œuvre très ciblée pour les collégiens et collégiennes à l’aube de leur puberté, son absence d’enjeu dramatique en fait aussi une succulent divertissement pour les enfants moins âgés qui pourraient rapidement en faire l’un de leurs doudous préférés. Toutefois, il eut fallu pour cela que le distributeur/éditeur français de la série ait daigné en produire une version doublée.
2° Outre la pincée de magie, personnifiée par Dela, l’oiseau parlant (héritier direct du volatile insolent de Paul Grimault), le spectateur se voit offrir comme autant de délicieuses friandises une succession de tranches de la vie pétillante de Tamako, laquelle surmonte le deuil de sa mère grâce à la bienveillance quotidienne de son entourage et de la petite tribu de commerçants de la galerie marchande idéalisée qui constitue son monde protecteur depuis sa naissance.
3° Naoko Yamada offre à ses téléspectatrices et téléspectateurs un regard résolument féminin sur un groupe de jeunes fille en fleur, regard naturellement à contre-courant de celui qui monopolise l’écrasante majorité des productions japonaises, portées par des hommes assez peu subtils dans leur manière quasi-systématique de sexualiser le moindre personnage féminin.
4° La sensualité des personnages féminins de la série, montrés précisément à l’âge où le désir et la pression du regard masculin ne sont pas encore des sujets, se traduit par un soin presque contemplatif accordé à la reproduction de gestuelles très réalistes, soin caractérisé par des cadrages resserrés sur les jambes et les pieds des protagonistes principales. Bien que Yamada s’en justifie par l’expressivité sentimentale que ses parties du corps expriment à ses yeux, on peut y voir aussi une sorte de naturalisme documentaire (appuyé par le photoréalisme édulcoré des décors basés sur des lieux bien réels) qui magnifie comme rarement le plus banal des actes du quotidien domestique.
Les animatrices et animateurs de Tamako Market ont d’ailleurs poussé l’observation et la finesse de dessin des mouvements à un niveau d’excellence admirable, qui n’exclut pas la caricature humoristique. Le générique de fin de chaque épisode est un véritable manifeste de leur approche.
Tamako Market ((たまこまーけっと)
2013 – 12 éîsodes
Réalisation : Naoko Yamada
Scénario : Reiko Toshida
Liste des épisodes
1# Voici l’adorable fille du marchand de mochi
2# A la Saint Valentin, la fleur de l’amour s’épanouit
3# Passion ardente pour une fille froide
4# Éclosion d’un petit amour
5# On a passé la nuit ensemble
6# Ça m’a fait froid dans le dos
7# Cette petite va se marier
8# Pas question qu’on m’appelle « Poulet »
9# Il fredonne des chansons d’amour, lui ?
10# Une fleur éclora du bâton de cette petite
11# Non ?! Cette petite serait la princesse ?
12# Une autre année s’est écoulée
En prime, l’un des génériques les plus feel good de toute la production contemporaine de séries d’animation japonaises :
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