Si vous n’avez rien de plus essentiel à faire que de surfer sur Internet, voyez ce remarquable documentaire amateur, signé par le ioutubeur italien Apocaloso, consacré à l’œuvre de Matt Stone et Trey Park !
“Remarquable” parce qu’il donne non seulement à voir et à comprendre – aux anglophones uniquement – les tenants et aboutissants de l’un des programmes télévisées les plus subversifs et controversés du paysage audiovisuel mondial, mais parce qu’il offre aussi une introduction très pédagogique aux affres de la production et de la diffusion (ou non-diffusion) des séries animées aux États-Unis et au-delà.
Ce documentaire de 58 minutes, bien écrit et réalisé, se découpe ainsi :
• une introduction qui interroge l’appétence des téléspectateurs ados-adultes pour les programmes animés poil-à-gratter,
• un premier chapitre intitulé, “Animation domination“, décrit comment l’animation s’est imposée aux États-Unis au sommet de l’industrie du divertissement pour adultes,
• le deuxième chapitre, Trey & Matt, the beginnings“, s’intéresse aux réalisations de jeunesse du duo Stone & Parker,
• le chapitre 3, “Quick solutions” décrit le processus de fabrication accéléré de l’animation très limitée de South Park,
• le chapitre 4, “Fucktotum” explique l’alignement improbable de planètes qui a permis la longue présence à l’antenne de l’irrévérencieuse série,
• le long chapitre 5, intitulé “Crossing the line“, évoque les différentes controverses provoquées par certains épisodes de South Park et questionne les limites – sinon la fonction politique – de l’humour provocateur,
• la conclusion a le bon gout de rappeler que l’écriture scénaristique rigoureuse est la première condition au succès de toute œuvre audiovisuelle. Même en animation, en particulier dans le registre de la série, la qualité de l’écriture demeure bien plus importante que l’esthétique et le niveau d’élaboration des mouvements de tout ce qui bouge à l’écran. A méditer !
Après visionnage, j’ai eu la soudaine envie de replonger dans mes archives pour relire l’article que j’avais rédigé sur South Park pour le magazine Animeland en 1998*. Je m’offusquais alors assez facilement de l’inexistence désespérante de séries animées aussi déjantées et dérangeantes en France, et m’en étais entretenu d’ailleurs à l’époque avec Françoise Reymond et Maria Perez, chargées des achats et programmes jeunesse de Canal+ (la chaîne, pas encore Messierisée et Bolloréisée, diffusait courageusement les 13 premiers épisodes de South Park en prime time), recueillant le même constat de leur part.
La situation a-t-elle beaucoup évoluée 24 ans plus tard ?
* “South Park, une comédie centrale”, publié dans le n°45 (oct. 1998) d’Animeland
Je signais alors sous pseudo “animus•anima” : mon collègue de l’époque se chargeait de la mise en page et je rédigeais intégralement les textes des articles.
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