Un détail qui en dit long

Plan extrait du film :  Taiyo no oji : Horusu no daiboken
Réalisé par : Isao Takahata
Japon / 1968

C’est précisément à ce genre de petit détail qui passe totalement inaperçu qu’on reconnaît l’humble bienveillance d’un cinéaste, et accessoirement ses références littéraires.

Dans cette séquence, extraite du tout premier long métrage réalisé par Isao Takahata au sein de la Toei, le fourbe Drago apparaît inopinément dans le coin gauche du plan alors que l’attention du spectateur est orientée sur le personnage ambivalent de Hilda, positionné dans le coin inférieur droit. Drago n’a pas encore vu Hilda et vaque tant bien que mal à ses occupations, en l’occurrence piller les nids d’oiseaux. L’un d’eux vole à la rescousse de sa progéniture et surprend Drago qui lâche par surprise l’œuf qu’il s’apprêtait à dérober.

Mais alors que le personnage humain glisse du toit et interpelle sans transition Hilda dont il réalise la présence, l’action de l’oiseau se poursuit “en fond de tâche”. Dans un mouvement aussi improbable que désespéré, le moineau parvient à replacer l’œuf dans son nid.
Grandiose victoire du faible contre le fort, allusion prévertienne évidente, subtile complément ajouté à la psychologie d’un personnage malveillant mais fragile, qui se révèle ainsi, sans qu’aucun surlignage (gros plan ou sur-commentaire dialogué) ne soit utile,  bien plus idiot que dangereux.